Vous vous rappelez le premier rendez-vous ? Voilà la suite...
Deuxième rendez-vous : les empreintes, à partir desquelles vont être réalisés des moulages.
Tout d'abord, petit rappel : la salle de soin de l'ABONIMABLE DOCTEUR A. se situe au rez-de-chaussée, avec une baie vitrée à stores trés écartés, et des passants qui vont et viennent à leur guise juste devant (sachant que les sisters habitent dans une région du sud-est très prisée des touristes à tout moment de l'année).
Voilà donc les sisters, installées dans les fauteuils de torture de la salle de soin du Dr. A, face à la baie vitrée , "prêtes" pour la phase 2 du diabolique "plan Humiliation" de ce dernier.
"Aujourd'hui Mesdemoiselles, nous allons prendre vos empreintes" annonça le Dr. A de sa voix mielleuse.
Pas méfiantes pour un sou malgré le premier rendez-vous qui s'était avéré assez traumatisant, les sisters continuent de sourire naïvement, n'imaginant pas une seule seconde comment ce deuxième rendez-vous pourrait être aussi traumatisant que le premier.
...
Voilà comment ce deuxième rendez-vous s'est avéré aussi traumatisant que le premier :
Pour réaliser des empreintes, l'assistante du Dr. A, que nous appelerons Melle B., a préparé une pate à empreinte à base d'alginate de sodium.
C'est une espèce de pate épaisse et visqueuse, dont la couleur diffère selon les praticiens.
Le Docteur A a choisi un alginate de couleur bleu foncé... très naturel et peu voyant dans la bouche !!!
Melle B. enduit généreusement les porte-empreintes d'alginate, se retourne vers les sisters avec un sourire trop grand pour être franc, et dit d'une voix toute aussi mielleuse que celle de son patron : "Ouvrez grand la bouche, faites AAAAAAAAAA".
L'image représente d'abord le porte-empreinte, ensuite l'empreinte en alginate, et enfin, le moulage en plâtre.
Cette fois-ci, le ton mielleux et le sourire façon "homme politique en campagne" de l'assistante ont eu raison de la confiance et de la frêle décontraction des sisters.
Du coin de l'oeil, les sisters se regardent d'un air paniqué, et il est difficile de dire si cela était dû à la vision de l'imposant porte-empreinte en plastique ou de l'alginate bleu qui en dégoulinait, ou tout simplement du tout qu'elles allaient devoir mettre dans leur bouche.
- "Allez, du courage les filles, plus vite on commence, plus vite on finit." relance Melle B à la manière d'un coach exalté.
"Sauf que si on décide de ne pas commencer du tout... on peut considérer que c'est déjà fini" pensèrent de concert les sisters.
Après quelques minutes d'hésitation, les sisters se ravisent et prennent leur courage à deux mains, ne voulant pas que l'humiliation du premier rendez-vous n'ait finalement servi à rien.
Hop... Hop.... (Je préfère écrire "hop" car le vrai bruit est bien trop écoeurant et difficile à décrire par écrit) en deux coups de main, Melle B. place les porte-empreintes dans la bouche de l'une, puis de l'autre en précisant : "Mordez bien le porte-empreinte et ne bougez plus. Respirez uniquement par le nez pour ne pas faire de bulle dans la pate !"
"RESPIREZ UNIQUEMENT PAR LE NEZ ??????" Et c'est maintenant qu'elle nous le dit ? Une fois qu'on a la bouche colmatée par l'alginate bleu qui nous dégouline au coin des lèvres ?????
Et si on avait le nez bouché ? Ou la crève et donc le nez qui coule ?
Voilà le genre de pensées vers lesquelles l'esprit des sisters se tournent à présent :
1- Prions Dieu pour ne pas avoir le nez bouché et donc ne pas mourir d'asphyxie pendant la prise d'empreinte (tout en s'imaginant l'article dans la rubrique Faits divers du journal local : "Une jeune femme meurt d'asphyxie dans le Cabinet de son Orthodontiste pendant une prise d'empreintes dentaires. La malheureuse souffrait d'obstruction nasale !")
2- Prions Dieu pour ne pas avoir le nez qui coule et donc risquer, soit de voir une coulée de mucus nasal (c'est de la morve, mais c'est plus classieux) se diriger lentement mais inéxorablement vers la bouche, soit de faire une bulle par une narine en essayant de respirer tout en maintenant le mucus à l'intérieur du nez.
Au bout de quelques secondes, l'alginate, qui met un certain temps à se solidifier, coule non seulement un peu à l'extérieur de la bouche, mais coule également à l'intérieur !
Du coup, les pensées des sisters changent de cible :
3- Comment empêcher l'alginate de couler dans la gorge, sans bouger et sans ouvrir la bouche ?
Encore quelques secondes plus tard, l'alginate commence à se solidifier et les coulées s'arrêtent.
Les sisters soufflent un peu. Enfin... c'est une façon de parler car dans ces moments là, mieux vaut éviter de souffler par le nez !
Deux minutes plus tard, l'alginate est complètement solidifié et il faut retirer le porte-empreinte.
Vous croyez que le calvaire est fini ? Détrompez vous !
L'alginate a "fusionné" avec vos dents et il faut maintenant forcer pour décoller le porte-empreinte
Vous avez alors l'impression que l'on essaye de vous arracher toutes les dents en même temps... et nous avions l'impression que Melle B allait y parvenir !
L'une des sisters (par souci de discrétion nous ne divulguerons pas son identité) s'est alors agrippé avec tant de force au bras de la pauvre Melle B que celle-ci en a eu le dos bloqué pendant plusieurs jours !
L'autre sister a senti quelque chose se détacher de sa machoire, tomber au fond de sa bouche, et commencer à glisser vers sa gorge.
PANIQUE A BORD ! "Cette S....E a tellement forcé qu'elle m'a arraché une dent !"
Une fois le porte-empreinte retiré, la deuxième sister s'empresse de cracher la dent qui était en train de partir au fond de sa gorge : fausse alerte... il ne s'agissait que d'un morceau d'alginate !
Ouf ! C'est terminé !
Les empreintes en alginate serviront à réaliser des moulages en plâtres, qui eux apporteront à l'Orthodontiste une multitude d'informations sur les malpositions des dents et pourront être numérisés et stockés dans les fichiers infomatiques.
Contrairement à ce que cela peut sembler, tout ce qui a été décrit ci-dessus n'a duré qu'une dizaine de minutes, mais une dizaine de minutes forte en émotions... et toujours sous le regard des gens qui passent devant la baie vitrée.
Le Docteur A nous autorise ensuite à nous rincer la bouche à l'eau et nous invite à retourner dans la salle d'attente pendant que son assistante prépare le matériel pour passer les radios.
Le deuxième rendez-vous étant plus long à raconter que le premier, les sisters ont décidé de le scinder en deux billets, d'une part les empreintes, et dans un prochain billet, les radios.